C’est avec une réelle émotion et un immense plaisir que nous vous proposons ce numéro 1 de Maghreb1. Un magazine trimestriel dédié à la diversité des cultures maghrébines. D’abord l’idée. Celle d’une volonté de mettre en place un espace culturel qui transmet avec le plus de fidélité possible la richesse de notre région et ses accumulations culturelles multiples à travers les âges, les espaces et les temps. Et celle, aussi, d’une conviction qui se fonde sur le fait indépassable que seule la culture — un puissant levier — rapproche les hommes, fonde leurs espérances et construit solidement leur vivre-ensemble.
Ensuite, il y a le projet éditorial qui veut mettre en avant les créateurs maghrébins, et au-delà, dans toute leur dissemblance fondamentale et toute leur convergence essentielle. Tous ceux qui se battent, au jour le jour, dans notre région, pour donner à la culture ses lettres de noblesses et en faire un ciment d’universalité et d’humanisme.
Le projet n’est pas de fonder un magazine patrimonial — un de plus me diriez-vous —, même si le patrimoine fait partie de nos préoccupations centrales, mais d’approcher de très près la création contemporaine dans nos contrées et mettre en lumière les idées qui fédèrent, qui bousculent et qui subliment.
Le Maghreb a probablement raté — depuis longtemps, peut-être — le coche politique. Mais il n’a jamais tourné le dos à son unité culturelle, à son identité partagée et à la symbiose de ses peuples. Là où la politique divise, mutile, éloigne, sépare, la culture répare, construit et consolide. Cette thèse est vérifiable partout dans le vaste monde. Elle ne pourrait pas être, étonnamment, démentie chez nous. Au motif que nous serions singuliers, uniques ou rares. Ce n’est pas une question d’obstination, ni d’orgueil, ni d’opiniâtreté. L’humanité elle-même se construit-elle pas dans la fusion, le mélange, le syncrétisme ou l’intégration ?
Le Maghreb n’est pas à la recherche d’un modèle culturel, il l’a, à portée de main. Non plus, il n’est pas à la recherche d’une identité improbable, il a un tropisme méditerranéen et africain qui l’insère dans une humanité riche, noble et glorieuse. A ce niveau-là, nous sommes exonérés de tout plaidoyer. Nous pouvons nous asseoir à la table de la modernité sans douter de nous-même. Notre légitimité est solide, flamboyante, et l’universalité de notre civilisation indiscutable.
Le seul défi collectif que nous avons, tous, à relever est de rester fidèles à nos valeurs fondatrices. Celles qui ont rendu possibles toutes les andalousies. Celles qui ont fait verdir tous les déserts. Ou celles qui ont bâti des cités mémorables.
Nous avons conscience de ce qui nous menace quand on oublie d’où l’on vient. Il nous faut éviter le piège des radicalités, refuser de sombrer dans les haines recuites et bannir les divisions stériles. Si nous relevons ces défis grâce à notre culture multiséculaire, grâce à notre civilisation ancestrale nous saurons reconstruire un vivre-ensemble exceptionnel.
L’enthousiasme est nécessaire à tout projet. Il le faut. C’est un moteur utile de toute entreprise. Mais son excès ne doit pas faire le lit à une naïveté angélique ou peu responsable.
Nous allons, tous, faire, bien naturellement, un effort significatif pour que ce magazine culturel, Maghreb1, soit un trait d’union entre nos créateurs, un havre de paix pour nos lecteurs et, pourquoi pas, un modèle inspirant pour ceux qui ont en charge notre destin commun.