
Humoriste ou cardiologue? Oubeid Hlal ne veut absolument pas choisir entre ses deux passions et les allie très bien. Faire rire les gens et les soigner, tel est son adage.
Connu dans un premier temps grâce au succès de son duo hors pair avec Amine Belghazi «Les Inqualifiables», le jeune médecin cartonne depuis la pandémie sur les réseaux sociaux avec plus d’un million d’abonnés sur Instagram. Sa formule gagnante? L’humour dans l’exercice médical. Maghreb1 zoome sur ce personnage mythique de la scène marocaine.
Maghreb 1: Qui est Oubeid Allah Hlal?
Oubeid Allah Hlal: Je suis né à Rabat, et je suis issu d’une famille oujdie très modeste qui s’est installée à Rabat il y a des années. Je suis une personne très sensible aux choses, j’aime être bien entouré, j’aime partager ce que je fais, j’aime les gens, j’aime la vie, j’aime manger, courir, danser et sortir. Oubeid est une personne qui a choisi la médecine parce qu’il a trouvé son caractère humain dans ce métier. Ce métier dans lequel on donne plus que l’on reçoit. Oubeid a choisi la scène également parce qu’on y donne plus que l’on reçoit. D’ailleurs, j’adore donner et quand je donne, je suis heureux. Je suis un mélange entre le sérieux et l’amusement. J’aime la dualité, j’aime gérer beaucoup de choses, j’aime voyager, j’aime découvrir, j’aime tout simplement ce que je fais.
Quelle est la différence entre le Oubeid cardiologue et l’humoriste?
Au fond, c’est le même. J’aime incarner ces personnages et je pense qu’un métier est un personnage, puisqu’il est dans un cadre avec des personnes qui doivent respecter la même loi. Ce sont deux personnages contradictoires mais qui ont un point en commun extrêmement important qui est celui de donner, de guérir soit par un remède médicamenteux soit par un conseil ou par le rire. Je trouve finalement qu’il n’ y a pas de différence.
Le médecin incarne et utilise l’humour pour faire passer le message et l’humoriste est un médecin qui monte sur scène pour faire rire les gens. Aujourd’hui, je pense que Oubeid a pu trouver son équilibre en étant médecin cardiologue et humoriste
Comment faites-vous pour gérer les deux Oubeid au quotidien?
Au début c’était extrêmement difficile parce que j’étais toujours étudiant, je devais faire mes stages et j’étais obligé d’être présent, de participer, j’étais suivi par des examens, et en même temps je devais gérer ma boîte de production pour développer avec Amine la carrière des inqualifiables. Quand je finissais ma journée, je commençais une autre journée à 16h pour développer les textes, produire, organiser, planifier…C’était très difficile. Actuellement, après le switch vers le docteur Oubeid qui fait de la sensibilisation médicale à travers l’humour, en utilisant les réseaux sociaux, je retrouve mon équilibre.
Le fait de gérer les deux se fait grâce à une bonne organisation et une stratégie mise en place sur des mois. Je fais 4 plannings de 3 mois qui me permettent de poser mes dates, mes objectifs, sur le plan d’apprentissage, de consultation, de vacations, de créativité, de création de contenu, et sur le plan des tournages…
Généralement ce sont des stratégies d’une année mais qui sont réparties sur 4 actualisations de planning sur 3 mois. Généralement c’est comme ça, en début d’année, je mets les dates phares, et au fure et à mesure, je pose mes objectifs.
Quand il y a des éléments qui s’incrustent dans le planning, je les fais quand c’est possible sinon je décline l’offre. Ça m’arrive de passer à côté d’opportunités extrêmement intéressantes sur le plan financier ainsi que sur le plan carrière mais je ne peux pas le faire car ma stratégie est déjà établie. Grosso modo, je pose mon objectif, et je travaille chaque jour pour y arriver.
Décrivez-nous votre journée type.
Une journée type peut être extrêmement pénible comme elle peut être un tout petit peu plus calme. Quand je gère la double carrière, je me réveille à 7h15, 8h je suis à l’hôpital, je travaille de 8h à midi, je fais une petite pause, je mange, je fais une ou deux réunions quand il s’agit de développer par exemple un concept, de répondre à des questions ou de publier une story…Ensuite, je reviens à l’hôpital pour continuer mes consultations et quand je finis je fais du sport, je cuisine et ensuite je continue de travailler, soit je fais de la documentation en relation avec la médecine soit je crée du contenu soit tournage, si jamais je ne suis pas de garde le soir sinon j’enchaîne directement jusqu’au lendemain à 8h du matin. Et en général, quand je vois beaucoup de monde le week-end, je préfère m’isoler au cours de la semaine pour recharger mes batteries.
Vous êtes de plus en plus présent sur Instagram via les capsules «Alach a Docteur, Zlaiga…», parlez nous de ces projets.
Ce sont mes bébés parce qu’ils représentent mon identité sur les réseaux sociaux que ça soit coeur et maladie, Zlaiga, Alach a Docteur… Ce sont des capsules qui répondent tout simplement au besoin de mon public. Je reçois énormément de messages chaque jour, donc j’essaie de répondre au maximum par des capsules que, malheureusement, jusqu’à l’heure d’aujourd’hui, je n’ai pas encore travaillé de la manière que je veux. D’ailleurs, le concept repose sur des petits moyens: une caméra face à moi même pour passer l’information et cela donne déjà de bons résultats, donc ce qui importe le plus c’est le contenu et non le contenant. Ce sont également des concepts qui sont très simples et qui sont dotés par la force de l’utilisation du mot, de la communication, de l’expression du visage. Mon côté humoristique artistique m’aide énormément pour pouvoir transmettre mes messages et c’est très important à souligner.
Est ce que le contexte pandémique a contribué à cette présence virtuelle?
Le contexte pandémique a fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui. Peut-être que je suis celui qui a bénéficié totalement de cette période très sombre. Après mon déplacement du Maroc vers la France pour continuer ma formation, tout a été bloqué, j’étais en tournée mondiale, je devais jouer en Chine, en Corée et au Japon et je me retrouve bloqué au sud de la France pour être en première ligne et m’exprimer autrement que par la scène, et donc le téléphone et ma personnalité m’ont vraiment permis de prendre la parole en tant que médecin. Chose que je n’arrivais pas à faire avant Covid, parce que j’étais tellement occupé avec Amine et les inqualifiables que je me suis oublié et je n’ai pas mis la lumière sur ce personnage là: Oubeid qui pouvait être juste lui-même, et parler de son métier. Je faisais un double effort pour faire rire les gens en réalisant mon rêve. Et là, j’ai mis le pied là ou il fallait, grâce à Dieu, je le dis et je le redis, je n’ai jamais imaginé que ça pouvait être fait de cette manière, les choses ont été chamboulées d’une minute à l’autre et je me suis retrouvée comme étant ce personnage apprécié par les gens que je remercie, et qui me donnent de la force pour continuer à partager tout ce que je fais.
Que représentent les inqualifiables pour vous?
Les inqualifiables représentent pour moi énormément de choses: le début, la lueur d’espoir, l’adrénaline, les frissons, les battements de coeur, l’amitié, le travail, le rêve, l’opportunité, la prise de décision, la persévérance, la réalité, l’expérience, les rencontres, l’entrepreneuriat, l’amour, les épreuves, les échecs…. Une grande partie de ce que je suis aujourd’hui c’est grâce aux inqualifiables.
Développer un duo, c’est quelque chose d’extraordinaire, mais cette position de s’auto faire et s’autoproduire a aussi un goût spécial et un autre charme.
En ce moment vous êtes entre la France et le Maroc, pourquoi ce choix?
Premièrement, parce qu’au moment où les choses ont changé pour moi lors de la période de la pandémie j’étais en France, donc je garde un bon souvenir de la France. Deuxièmement, de par la proximité avec le Maroc. Troisièmement, de par l’opportunité que je peux avoir pour développer mes deux carrières médicale et artistique, quatrièmement pour avoir de l’espace et de la liberté sans être dans la zone dans laquelle j’ai le confort de produire. Au Maroc, je suis sollicité et encouragé pour le travail que je fais, on me jette des fleurs et inconsciemment, ceci me limite. Je veux être inconnu et faire un effort constant pour évoluer et me dépasser quotidiennement.
Quels sont vos projets futurs?
Continuer la formation. Je suis cardiologue mais j’ai besoin de faire des diplômes universitaires, des stages pratiques, vivre une expérience européenne de la médecine, développer l’humour en tant que discipline dans la prise en charge des patients… Je travaille actuellement sur ce sujet en france, écrire des articles scientifiques pour en témoigner, continuer dans la sensibilisation, la banalisation et la vulgarisation médicales, voyager pour rencontrer des marocains un peu partout dans le monde, avec un concept intitulé «Zlaiga Trip», et «9hiwa fl3alam», à mon avis c’est réalisable. J’aime beaucoup l’évolution graduelle et je peux vivre le changement à tout moment.