Le Tassili n’Ajjer, un trésor rupestre en Algérie

Par Imane Brougi
Le Tassili n’Ajjer DR
Le Tassili n’Ajjer DR

L’Algérie a de quoi être fière. Le Tassili n’Ajjer, ce véritable bijou archéologique et artistique est un chef d’œuvre de mère nature. 

Ce site exceptionnel qui a su garder intact sa richesse historique et culturelle à travers les âges offre un paysage époustouflant qui semble sortir tout droit d’un univers onirique ou du tableau d’un artiste surréaliste.

Ce cadre extraordinaire est considéré parmi les plus fantastiques panoramas du Sahara. La découverte de chaque détaille subjugue et la magie des dessins complète la féerie du désert. 

Ce magnifique musée à ciel ouvert regroupe une prodigieuse collection de peintures rupestres (silhouettes humaines et d’animaux de la faune africaine, girafes, éléphants....), sans parler de la qualité artistique des dessins qui donne à rêver.

Classé patrimoine mondial de l’Unesco, cet étrange paysage qui remplit la vue d’une beauté éternelle est d’un grand intérêt géologique. Il abrite l’un des plus importants ensembles de l’art rupestre préhistorique du monde. Les forces combinées des eaux et du vent y ont façonné un paysage lunaire exceptionnel, sans conteste l’un des plus spectaculaires du Sahara.

L’intérêt géologique de la région est doublé d’une valeur archéologique inestimable: on y recense en effet 15.000 dessins et gravures qui constituent l’un des ensembles d’art rupestre les plus fascinants du monde.

 

Un témoignage exceptionnel de la Préhistoire

 

Le Tassili n’Ajjer est un immense plateau situé au Sud-est de l’Algérie aux confins de la Libye, du Niger et du Mali, couvrant une superficie de 72.000 km². 

La densité exceptionnelle des peintures et des gravures, et l’existence de nombreux vestiges préhistoriques sont des témoignages exceptionnels de la Préhistoire.

Depuis 10.000 ans avant notre ère jusqu’aux premiers siècles, les populations qui se sont succédées ont laissé de nombreuses traces archéologiques, habitats, tumuli et enclos, qui ont livré un abondant matériel lithique et céramique. 

Toutefois, c’est l’art rupestre (gravures et peintures) qui a fait la renommée mondiale du Tassili à partir de 1933, date de sa découverte. 15.000 gravures ont été répertoriées jusqu’à nos jours. 

 

Un Eldorado de l’art rupestre

 

Le Tassili n’Ajjer contient un ensemble de sites d’art rupestre et de paysages clés représentant sa beauté naturelle ainsi que des sites de diversité biologique et écologique qui constituent les attributs d’une valeur universelle exceptionnelle. Les limites et la taille (72.000 km²) du bien sont suffisantes pour maintenir le processus géologique et garantir l’intégrité de l’héritage culturel du site.

Les images de l’art rupestre couvrent une période d’environ 10.000 ans et le patrimoine culturel du Tassili témoigne de traditions culturelles vivantes et disparues qui informent sur la succession et l’évolution des civilisations et des cultures préhistoriques très anciennes. 

L’art rupestre, justement tassilien, est l’expression la plus éloquente de relations entre l’homme et son environnement, où plus de 15.000 dessins et gravures témoignant des changements du climat, des migrations de la faune et de l’évolution de la vie humaine aux confins du Sahara. 

Cet art montre des espèces dépendantes de l’eau, telles l’hippopotame et des espèces éteintes dans la région depuis plusieurs milliers d’années. Cette combinaison d’éléments géologiques, écologiques et culturels constitue un exemple éminemment représentatif du témoignage de la vie.

La richesse du patrimoine culturel - art rupestre et vestiges archéologiques - et la diversité naturelle - écosystème, faune, flore et zones humides - reflètent pleinement la valeur universelle exceptionnelle de ce cadre.

Une aubaine géologique et esthétique 

 

Ce site hors norme est également d’un grand intérêt géologique et esthétique. En effet, le panorama des formations géologiques avec ses «forêts de rochers» de grès érodé offre l’image d’un étrange paysage lunaire.

L’ensemble remarquable de peintures et de gravures rupestres de diverses périodes confère une renommée mondiale au bien. Les représentations de la période des têtes rondes renvoient à d’éventuelles pratiques magico-religieuse vieilles de quelques 10.000 ans, alors que les représentations de la période des bovidés, marquant la vie quotidienne et sociale, présentent un réalisme esthétique naturaliste comptant parmi les plus célèbres de l’art pariétal préhistorique. Les dernières images montrent des représentations de la domestication des chevaux et des chameaux. Avec les restes archéologiques, ils témoignent de manière particulièrement vivante des changements climatiques, des changements de la faune et de la flore et plus particulièrement des possibilités offertes à l’élevage et à la vie pastorale liés à des sites défensifs inexpugnables à certaines périodes de la préhistoire.

Avec des grès érodés qui constituent des «forêts de rochers», le bien est d’un intérêt esthétique remarquable. Les grès ont gardé intactes les traces et les empreintes des grands événements géologiques et climatiques. L’eau d’abord et le vent ensuite, par les effets de la corrosion, ont contribué à la mise en place d’une morphologie particulière, celle d’un plateau découpé par les eaux et adouci par le vent.

La conformation géologique du Tassili n’Ajjer présente des unités cristallines précambriennes et des successions sédimentaires gréseuses de grand intérêt paléogéographique et paléo écologique.

 

Un patrimoine mondial sans conteste 

 

Inscrit depuis 1982 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, le parc culturel du Tassili est classé réserve de biosphère depuis 1986.

Des animaux en voie de disparition tels que le mouflon et des gazelles y ont trouvé refuge. Il réunit une large palette d’espèces animales et végétales de type saharien, tropical et méditerranéen, adaptées aux rigueurs du climat.

Il est considéré aussi comme l’un des plus grands et anciens «musées rupestres à ciel ouvert» du monde, au même titre que les fresques des aborigènes d’Australie ou des khoïsan de Namibie. 

Il abrite notamment les gravures rupestres de l’Oued Djerat et celles du plateau de Sefar datant d’environ 10.000 ans avant av. J.-C.

Vu sa forte valeur historique et écologique, de grands efforts sont déployés pour préserver ce site d’exception, original et très précieux, contre les risques de toute dégradation.