Khadra, pour l'amour d'Elena

Par Jalila Ajaja
Yasmina Khadra ©DR
Yasmina Khadra ©DR

Fraîchement sorti aux éditions Mialet Barrault, le nouveau roman de Yasmina Khadra «Pour l’amour d’Elena», est une histoire de violence mais aussi d’amour et un combat pour la liberté.

Librement inspiré d’une histoire vraie, «Pour l’amour d’Elena» raconte l’expédition dantesque d’un jeune homme prêt à damner son âme pour ramener de l’enfer des cartels, l’amour de sa vie.

Dans un village au fin fond du Mexique, Elena et Diego s’aiment depuis leur plus tendre enfance. A l’Enclos de la Trinité, un hameau perdu dans l’Etat mexicain de Chichuahua, on les appelait «les fiancés».

 

Un amour ponctué de poussées d’adrénaline !

 

Les deux tourtereaux, encore adolescents, étaient pressés de grandir afin de se marier et d’aller sous un ciel clément consolider leur idylle. Mais, un jour, leur rêve se brise comme un miroir lorsqu’Elena est violemment agressée sous les yeux d’un Diego pétrifié de terreur. Incapable de poursuivre sa vie comme si de rien n’était, Elena fugue à Juarez, la ville la plus dangereuse au monde à la frontière du Mexique et des États-Unis.

Mais rien ni personne n’empêchera Diego d’aller à la recherche de son grand amour dans le monde impitoyable de la drogue et du crime, même si pour cela il doit affronter l’enfer des cartels et des sicaires pour sauver l’amour de sa vie.

C’est au Mexique, où il a passé un an, que Yasmina Khadra plante le décor de son nouveau roman. Un livre sombre dans lequel l’auteur dépeint avec brio un monde sans pitié.

 

Aimer et ne jamais renoncer !

 

Le nouveau roman de Y. Khadra est un hymne à l’amour et un message fort de ne jamais renoncer.

«Aimer, c’est ne jamais renoncer». Ces mots écrits par Yasmina Khadra sur son mur Facebook résument à eux seuls la quête de l’amour, une quête impossible.

Dans ce livre d’action, qui s’inspire d’un fait divers, l’on croise des tueurs, des tortionnaires, et des violeurs. L’auteur nous fait découvrir aussi des «gens d’honneur», des hommes qui veulent être respectés, des hommes qui veulent réussir tout simplement.

«Pour l’amour d’Elena» raconte le combat titanesque d’un jeune homme qui, à force de culpabiliser, doit vendre son âme au diable pour sauver l’amour de sa vie.

Plus qu’une idylle, Elena c’est le destin de Diego. Le lecteur, une sorte d’observateur pour comprendre ce qui se passe à travers cette obsession, est témoin de cette odyssée du personnage principal qui essaye de surmonter tous les défis et obstacles, ne pouvant plus vivre avec cette chape de plomb que faisait peser sur lui la culpabilité.

Car pour Yasmina Khadra « renoncer c’est disparaître, ne plus exister». Diego ne pouvait plus vivre avec le remord sur la conscience. Il devait se prouver à lui-même qu’il était un vrai homme.

Tout au long de son périple, Diego rencontre des gens malsains, des meurtriers…. Il poursuit son odyssée croyant toujours en la bienveillance des gens. Une façon pour Y. Khadra de continuer de chercher dans la plus bassesse humaine une part de lumière, comme il l’a si bien décrit lors d’un événement de présentation de son nouveau roman organisé, mardi 16 mars sur Facebook, par la Librairie Kleber et Mialet-Barrault éditeurs.

Pour Yasmina Khadra, qui aime «chahuter les rapports humains», «le monde sera plus clément lorsqu’on pourra décoder l’énigme humaine».

 

Un roman d’amour sombre

 

Dans ce roman d’amour sombre, l’auteur traque les motivations des gens et ce qui peut faire basculer l’humain dans la tragédie et ce qui peut le sauver.

Virtuose du verbe, il réussit avec brio, une description très précise des gens, des nombreux personnages du roman. Une description sombre d’un monde sombre qui nous promène dans un monde véritable coupe-gorge.

«Mon écriture est lumineuse pour décrire le caractère sombre de l’humanité, mais aussi son caractère lumineux », explique Y. Khadra pour qui « il faut regarder ce monde en face pour le comprendre», de même qu’«il ne faut pas se fermer, s’isoler et prétendre que le monde se limite à soi ».

Yasmina Khadra a beaucoup d’empathie pour ses personnages. Indulgent avec Diego et Elena, il l’est aussi avec d’autres personnages repoussants de cruauté, laissant la chance à chacun de se refaire.

Car pour Y. Khadra, « quelque soit la nature humaine, elle est toujours otage de ce que les gens font d’elle». «Personne ne naît brute. Personne ne naît sage.

C’est le combat avec l’adversité qui fait de nous ce que nous sommes ».

Avec «Pour l’amour d’Elena», l’auteur nous délivre un «message» très fort :le combat pour la vie, le combat pour la liberté.

«Une vie c’est une histoire. Ce n’est en aucun cas un conte de fée. Le seul fossoyeur de nos rêves c’est nous-mêmes. Et le seul bâtisseur de nos gloires c’est nous-mêmes», affirme l’auteur pour qui le facteur humain est au centre de toutes les attentions.

Dans son nouveau roman, Yasmina Khadra cherche la force de ses mots dans la beauté de la langue française qu’il utilise avec délicatesse et grande élégance.

Il réussit à insuffler une âme à ses textes et fait parler ses personnages avec le langage de leur âme. Il intervient pour trouver les mots justes capables de mettre en exergue leur plus profond sentiment dans un texte très touchant.

Une mission réussie comme pour ses autres romans qui restent dans le fond de l’âme du lecteur, le marquant à jamais.

Auteur de la trilogie « Les Hirondelles de Kaboul », « L’Attentat » et « Les Sirènes de Bagdad », Yasmina Khadra est l’un des auteurs phare de la scène littéraire francophone. L’Attentat (Prix des libraires 2006) et Ce que le jour doit à la nuit (meilleur livre 2008 pour le magazine Lire) ont été adaptés au cinéma. Le film d’animation Les Hirondelles de Kaboul a été présenté à Cannes dans la sélection « Un certain regard » en 2019. Yasmina Khadra est chevalier de la Légion d’honneur et officier de l’ordre des Arts et des Lettres en France.